Le Saint-Philibert :

Le Saint-Philibert dans le port de Pornic.

Le naufrage du Saint-Philibert, c'était le 14 juin 1931.

Au retour d'une excursion dominicale, le Saint-Philibert a sombré au large de l'embouchure de la Loire.

Parti le matin de Nantes en direction de Noirmoutier, le navire devait faire l'aller-retour dans la journée. Plus de quatre cent soixante personnes, familles, amis, avaient pris place à Nantes dans ce bateau pour passer la journée sur l'île. Au programme, pique-nique et bain de mer.

C'est au retour, vers 16 h 30, dans une mer démontée, que le navire, alors piloté par Francis Ollive, capitaine d'expérience que va se jouer le drame. Une demi-heure après son départ de Noirmoutier pour Nantes, des vagues balaient le pont, les passagers, cherchant à se protéger, se massent sur le côté sous le vent. La gîte est appuyée. Le navire doit faire face à une mer déchaînée. Il chavire alors à la sortie de la baie de Bourgneuf.

Le naufrage de ce petit vapeur de 32 mètres va faire environ quatre cent soixante victimes, essentiellement des ouvriers et leurs familles. Huit hommes survivront.

Résumé de cette journée d’excursion du 14 juin 1931.

Départ de Nantes : Vers 6 h 10.

467 passagers (50 enfants + de 5 ans).

Le temps est très orageux, il faisait un peu de vent.

Trois contrôleurs de cartes sur le quai de Nantes.

Au départ de Nantes le Saint Philibert a une gîte sur bâbord (côté gauche), entre 6 et 8°.

Descente de laLoire :

Il règne sur le bateau une joyeuse ambiance. Rien à signaler.

Sortie de l’estuaire :

La mer entre la sortie de l’estuaire de la Loire et Noirmoutier était mauvaise.

A la hauteur de Saint-Nazaire, le Saint-Philibert a embarqué a plusieurs reprises des paquets de mer.

Au large de la pointe Saint-Gildas, le bateau penchait fortement tantôt à droite, tantôt à gauche (roulis) dans une mer assez grosse.

Il y avait du monde partout, les jeunes à l’avant et sur le pont supérieur qui était recouvert d’une tente.

Beaucoup de passagers sont malades.

Arrivée à Noirmoutier :vers 11 h 15 / 11 h 30

Le vapeur accoste à l'Herbaudière, près du bois de la Chaize.

Soleil et vent faible

Les passagers se dispersent dans les environs (pique-nique, promenade, bain de mer)

Le capitaine Ollive prendra son repas du midi au restaurant de la plage des Dames « La Potinière »

Départ de Noirmoutier :

Dès 15 h 00 beaucoup de passagers étaient déjà sur le bateau.

Vers 16 h 00, selon un témoin, la pluie a commencée à tomber.

Le capitaine Ollive arrive vers 16 h 45.

Départ vers 17 h 00 du quai de l’estacade du Bois de la Chaize.

Une trentaine de passagers décident de regagner le continent par le passage du Gois, en autobus ou de passer la nuit sur l'île.

La mer était devenue très mauvaise et l’intensité du vent s’était notamment accrue depuis 16 h 00.

A la sortie de la petite baie, le bateau prit de la gîte à tribord(côté droit).

Au large de la Pointe Saint-Gildas, le navire marchait régulièrement, bien qu’assez lentement ; il roulait assez fort et présentait de la bande à tribord.

La tente supérieure était demeurée en place et donnait une forte prise au vent.

Le pont promenade était noir de monde.

Le bateau mettra 25 minutes pour aller de la Pointe St. Gildas à la bouée des Charpentiers, où il esquissa son changement de cap pour s’engager dans le chenal de l’estuaire de la Loire.

Le vent était alors ouest, sud/ouest. et d’une assez grande violence.

La houle était très forte : le navire recevait des embruns dans les coursives du pont principale.

Le naufrage :

Lieu du naufrage : à quelques deux milles de la bouée du Châtelier, entre la Barre des Charpentiers et la Banche.

Une lame énorme est venue frapper le Saint-Philibert par le travers à bâbord, le navire se couche sur tribord.

Les deux guetteurs du sémaphore de la pointe Saint-Gildas assistent impuissants aux problèmes du Saint-Philibert. Ils lancent un S.O.S. au centre téléphonique de Nantes.

L’avarie des machines s’est produite après cette première lame.

Le navire avait embarqué de l’eau par la claire-voie de bâbord dans le compartiment de la chaudière (grand jet de vapeur, d’eau et de charbon sort d'une claire-voie).

Le bateau se redresse lentement vers bâbord, sans se coucher de l’autre côté.

Il a continué a avancer pendant quelques minutes puis arriva la seconde lame terrible qui le coucha une seconde fois sur tribord et qui fit chavirer immédiatement le bateau. Il coula immédiatement.

Il ne resta à la surface de l’eau qu’une dizaine de survivants qui s’efforçaient désespérément de lutter contre la mer déchaînée. Les autres passagers avaient été engloutis avec le bateau.

Quelles causes ont provoqué ce drame humain effroyable ? Il y a d'abord les conditions de navigation. La force de la tempête a été imprévisible. La surcharge en passagers, rassemblés sur le haut d'un bateau à fond plat, a renforcé l'instabilité du Saint-Philibert. L'équipage n'était pas en règles - le capitaine Ollive était retraité et certains membres n'avaient même pas leur certificat d'aptitude - et il aura fait preuve de négligences et d'imprévisions. Les victimes ne portaient pas de gilets de sauvetage et le nombre de canots était trop réduit. Il n'y avait pas de TSF embarquée.

Renfloué, le Saint-Philibert connaîtra plusieurs vies avant d'être ferraillé dans la rivière du Trieux en 1979.

Réarmé, il deviendra la gabarre "Les Casquets", puis le caboteur "Saint-Efflam", Il sera sablier sous le nom de Côtes d'Amour, armement PIRIOU. Fin de l'histoire de ce bateau au funeste destin… " Non, ce n'est pas tout à fait la fin de l'histoire, car ce bateau maudit tua encore une dernière fois lors de son découpage dans le Trieux, quelques temps après mon arrivée dans cette ville en 1985, son mât de charge tomba sur l'épouse de l'entrepreneur chargé de sa démolition et la tua.

Voilà l’histoire résumée du Saint-Philibert.

Les sources des textes :

Archives Départementales de L.A - Cote des documents : 7 U 713 – Coupures de journaux de l’époque – Articles de livres et divers renseignements...

Article M.M